Depuis plus d’un an, ChatGPT, le dernier avatar de l’intelligence artificielle, s’impose comme un outil incontournable dans de nombreux domaines, y compris celui du journalisme. Capable de générer des articles à partir de simples questions, ce chatbot suscite à la fois fascination et inquiétude. La question se pose : ChatGPT est-il une menace pour les journalistes, ou bien un allié potentiel pour améliorer la qualité et la rapidité des productions journalistiques ?
ChatGPT : un outil ou un rival pour les journalistes ?
De nombreux journalistes, intrigués par l’émergence de cet outil, ont testé ChatGPT. Lorsqu’on lui demande d’écrire un article sur la déontologie journalistique, la machine produit un texte fluide, convaincant, et parfois tellement proche de ce que pourrait rédiger un journaliste humain qu’il devient difficile de distinguer l’origine du contenu. Cette situation a rapidement fait naître des craintes dans les rédactions : ChatGPT va-t-il remplacer les journalistes humains ?
Cependant, une simple comparaison entre des requêtes posées en anglais et en français montre que ChatGPT s’adapte à son public, variant ses réponses selon les attentes culturelles. En anglais, l’IA semble plus encline à envisager la substitution des journalistes humains par la machine, tandis qu’en français, elle rappelle que l’expertise humaine est irremplaçable dans l’analyse et la vérification des faits. Cette flexibilité peut être perçue comme une force, mais elle soulève aussi des questions sur les biais et la manipulation de l’information.
L’IA : un risque pour la déontologie journalistique ?
La question des biais et des erreurs
L’un des problèmes majeurs soulevés par l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le journalisme est celui des biais dans les données. En effet, ChatGPT et les autres IA s’appuient sur de vastes bases de données pour générer leurs contenus. Si ces données véhiculent des stéréotypes, des discriminations ou des préjugés, les articles produits seront également biaisés. Plusieurs cas de robots devenus « racistes » ou « xénophobes » ont déjà été signalés, conduisant à leur déconnexion.
Il est donc essentiel que les journalistes qui travaillent avec des IA aient une solide connaissance du sujet traité et effectuent une relecture minutieuse des contenus générés. La relecture humaine reste cruciale pour détecter les erreurs, les biais ou les incohérences dans les articles produits par l’IA.
Le contrôle éthique de l’information
Au-delà des biais, il y a également la question du contrôle de l’algorithme par les journalistes eux-mêmes. Il est impératif que les journalistes gardent le contrôle sur les contenus générés et ne laissent pas les IA seules produire des articles sans supervision. L’éthique de l’information repose sur plusieurs principes, notamment la véracité, l’exactitude, et l’indépendance. Si l’utilisation de ChatGPT devient courante, il faudra s’assurer que ces principes continuent de guider la production journalistique.
Les limites et opportunités de ChatGPT dans les rédactions
Bien que certains craignent que des outils comme ChatGPT soient utilisés pour produire des articles « pièges à clics » à la chaîne, d’autres, comme le site américain Buzzfeed, affirment que l’IA n’écrira pas des reportages, mais aidera à améliorer les contenus produits par les journalistes. Cela pourrait signifier une optimisation des articles, notamment en matière de référencement (SEO), plutôt que la disparition des journalistes.
Cependant, cette optimisation soulève une autre question éthique. Les stratégies SEO peuvent parfois s’éloigner des standards journalistiques en priorisant les mots-clés et la visibilité au détriment de la rigueur et de la qualité de l’information. Le rôle des journalistes sera donc de veiller à ce que ces pratiques n’affectent pas l’intégrité de l’information.
L’impact sur la hiérarchie de l’information
L’usage croissant de ChatGPT dans la production de contenu pourrait également avoir un effet sur la hiérarchisation de l’information. Si les outils d’IA remplacent les équipes spécialisées en SEO, il sera plus difficile de garantir que les informations les plus pertinentes soient mises en avant. De plus, la circulation de l’information risque d’être influencée par des algorithmes qui ne tiennent pas toujours compte de l’importance ou de la gravité des sujets traités, mais plutôt de leur potentiel à générer du trafic.
Le journalisme de demain à l’ère de l’intelligence artificielle
Qu’on le veuille ou non, les technologies comme ChatGPT feront partie intégrante des rédactions de demain. Cependant, pour éviter que ces outils ne soient utilisés de manière détournée ou abusive, les journalistes doivent s’emparer de ces technologies et ne pas les laisser aux mains des informaticiens ou des marketeurs.
L’enjeu est de taille : il s’agit de préserver l’indépendance de l’information et de garantir que le contenu produit par les IA soit toujours soumis à un contrôle humain, afin de respecter les principes de véracité, de responsabilité et de respect du public.
ChatGPT et les autres outils d’intelligence artificielle offrent des possibilités immenses pour le monde du journalisme, notamment en termes de rapidité et d’analyse. Mais ils posent également des défis éthiques considérables. Les journalistes doivent rester vigilants et s’assurer que ces outils sont utilisés dans le respect des principes déontologiques, afin de ne pas trahir la confiance du public et de préserver la qualité de l’information.